Cette vie de marin, si différente de la nôtre, songez quels effets elle peut avoir sur l’âme. […] Les paysages de Bretagne lui font l’effet de paysages primitifs, tels qu’ils étaient il y a trois mille ans Mais tout de suite, tandis qu’il songe à l’énormité et à la durée de la terre, il la sent exiguë et éphémère ; car qu’est-ce que tout cela, qui n’est pas infini et éternel ? […] Elle surgit naturellement, toute spontanée et toute nue, et l’effet en est toujours très puissant, car, nous avons beau faire, rien n’est plus triste, ni plus effrayant, ni plus incompréhensible que la mort. […] C’est encore un effet de l’exotisme, qu’ayant visité le monde, vous revoyiez votre pays et les objets connus avec des yeux vierges et tout neufs et avec la même fraîcheur d’impression, le même étonnement que vous avez vu le Congo ou Tahiti… Mais Mon frère Yves et Pêcheur d’islande sont deux romans dont la simplicité exigerait, pour être analysée et définie, un trop difficile effort, et je n’ai voulu que montrer comment les trois premiers romans de Loti, ces œuvres rares, préparaient ces deux chefs-d’œuvre.