Voyez-vous, à l’entrée du village, un peu en dehors et en évidence, tout au bord de la route, ce logis plus vaste que les autres, entouré d’un verger, et que désignent encore la pièce d’eau bien maçonnée pour la lessive, et la double charmille pour la promenade ? […] Les jolies affiches coloriées qu’on colle sur les murs de nos rues pour nous engager à choisir telle station d’hiver ou d’été, bains de mer, eaux thermales, montagnes, forêts, les affiches enfin de la grande pharmacie pour neurasthéniques ne nous montrent-elles pas, dans un coin, l’indigène qui travaille ou s’amuse, toujours en costume national, la bergère des Alpes qui file, le guide des Pyrénées qui part pour l’ascension matinale, faisant claquer son fouet enrubanné, le bouvier d’Auvergne, la jolie Niçoise, avec un chapeau chinois, l’écailleuse des Sables-d’Olonne en jupe courte, et combien de Bretons et de Bretonnes de tous les villages de Bretagne ? […] Nos petites paysannes elles-mêmes ne se sont-elles pas imaginé d’orner leurs cheveux, bien tirés sur les tempes et lissés à l’eau claire, de fleurs artificielles montées sur des fils de laiton, de chapeaux à cinq ou dix francs, jardins affreux, macarons déplorables et d’un bon marché trompeur !