Le livre de Chateaubriand, œuvre à la fois littéraire et philosophique, dramatique et didactique, qui réunissait tous les genres et tous les tons, et mettait le modèle à côté du précepte, arriva, par l’imagination, à tout le monde ; le livre du comte de Maistre était écrit surtout pour les philosophes, les politiques et les penseurs. […] Déjà, dans les dernières années de l’ancienne monarchie, Ducis, cet esprit vigoureux, avait imité le théâtre de Shakspeare sur notre scène, et si le traducteur d’Hamlet duRoi Léar et de Macbeth, pour se conformer aux habitudes de notre littérature dramatique et aux idées de son temps, avait rogné les ongles et les serres du vieil aigle britannique, un grand acteur65, en étudiant ses rôles dans l’original, lui rendait par son jeu une partie de ce que le traducteur lui ôtait. […] D’origines diverses, formés par des éducations profondément opposées, appartenant à des écoles ennemies, mus par des esprits différents ou contraires, philosophes, écrivains religieux ou politiques, poëtes, orateurs, historiens, littérateurs, auteurs dramatiques, ils vont, sous l’empire des circonstances que nous avons rappelées, contribuer au développement littéraire de cette époque de quinze ans à laquelle la restauration doit servir de cadre. […] Entre les deux volumes dont se composèrent les Méditations, M. de Lamartine publia un poëme à la fois philosophique, dramatique et élégiaque : la Mort de Socrate.