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556. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Cet homme fut d’une étrange franchise et, contre l’opinion commune, doux et humble de coeur. […] Ainsi ce corps de l’Église nous apparaît divinement humain… Le dogme des Indulgences n’est pas l’abri de la paresse : il est le dogme des douces condescendances envers la fragilité humaine… Quand nos mains sont pures, elles sont magnifiquement transformées ; elles deviennent le vase qui peut répandre à larges ondes l’eau du rafraîchissement… Ainsi nous pouvons, par la prière et les bonnes œuvres, descendre dans ce formidable purgatoire, etc. […] C’est que la Réalité est une grande païenne … Un autre endroit a de la grandeur : c’est lorsque le curé de Marsailles, ayant absous Valère, s’agenouille à son tour ; se confesse à son pénitent, le remercie de l’avertissement courageux qu’il a reçu de lui sur ses prudences de prêtre-fonctionnaire… Mais vous trouverez que ce sublime-là sent trop la calotte, et vous préférerez sans doute ce doux entremetteur d’abbé Constantin. […] Il s’en dégage une conception très belle, — puisque c’est la conception chrétienne, — de l’amour et du mariage, et cette idée que l’amour n’est pas du tout la passion, et cette autre idée que le mariage ne diffère pas essentiellement d’une « prise d’habit » à deux, et que c’est par là qu’il est grand et qu’il est doux. […] Lui si doux, il absout dans les âges écoulés la répression de l’hérésie, surtout parce que l’hérésie lui paraît attentatoire à cette indispensable unité.

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