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498. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

— Portia, dit l’étranger, un vent plus doux commence À se faire sentir. — Chante-moi ta romance. […] Murmura l’étranger, vois cette créature ; Sous les cieux les plus doux qui la pouvaient nourrir, Cette fleur avait mis dix-huit ans à s’ouvrir. […] J’aime son feuillage éploré ; La pâleur m’en est douce et chère, Et son ombre sera légère À la terre où je dormirai ! […] Ce soir, sous les tilleuls, à la sombre ramée Le rayon du couchant laisse un adieu plus doux. […] Cet amour, bien qu’il aspire à la possession de la Béatrice visible à laquelle on a voué un culte pur, n’a pas besoin pour être heureux de ces plaisirs doux et amers dans lesquels tu cherchas jusqu’ici la sensualité plutôt que l’immortelle volupté des Pétrarques, des Tasses, des Dantes, seule aspiration digne de celui qui a une âme à satisfaire dans le plus divin sentiment de sa nature.

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