/ 1627
360. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

L’homme, frappé de l’effet des sons mesurés, les a réglés par le rythme, et mis en accord avec la voix de ses passions : il a cherché dans la mesure des sons rapides ou prolongés, graves ou aigus, les plus justes combinaisons qui pussent lui rappeler l’amour ou la haine, le ton de la colère, les cris de la joie, les gémissements de la douleur, et les bruits des éléments. […] Alcide, brûlé des poisons de la robe trempée au sang du Centaure, et soupçonnant Déjanire de trahison, charge son fils de traîner sa mère à ses pieds, et de la déchirer en sa présence : cet ordre de commettre un parricide nous ferait horreur : mais c’est Hercule qui cède aux souffrances : ce commandement imprime l’idée de l’excès d’une douleur proportionnée à sa vigueur plus qu’humaine. […] Le rôle de l’épouse de Thésée, anobli, par notre poète, l’emporte en beauté sur le même rôle chez Euripide, parce qu’on y admire,                               « La douleur vertueuse « De Phèdre, malgré soi, perfide, incestueuse. […] « La crainte non corrigée, non épurée, nous fait regarder comme des maux insupportables les événements fâcheux de la vie, les disgrâces imprévues, la douleur, l’exil, la perte des biens, des amis, des parents, des couronnes, de la liberté, et de la vie. […] Si quelque riche possesseur, tout à coup ruiné, déplore le vol de son bien, cette perte de son argent, à quelque pauvreté qu’elle le réduise, n’est pas le sujet d’une noble douleur, et son dénouement ne pourrait être que l’objet d’un drame domestique : les larmes que versera cet infortuné sont encore de ces larmes vulgaires indignes de la tragédie.

/ 1627