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2322. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre premier. Que personne à l’avance ne redoute assez le malheur. »

La sagesse s’acquiert, parce qu’elle est toute composée de sacrifices ; mais se donner un goût, mais inspirer un penchant, sont des mots contradictoires. […] Sans doute, si le désespoir décidait toujours à se donner la mort, le cours de l’existence ainsi fixé, pourrait se combiner avec plus de hardiesse, l’homme pourrait se risquer, sans crainte, à la poursuite de ce qu’il croit le bonheur parfait ; mais qui peut braver le malheur, ne l’a jamais éprouvé ! […] Des hommes froids, qui veulent se donner l’apparence de la passion, parlent du charme de la douleur, des plaisirs qu’on peut trouver dans la peine, et le seul joli mot de cette langue, aussi fausse que recherchée, c’est celui de cette femme qui, regrettant sa jeunesse, disait : c’était le bon temps, j’étais bien malheureuse.

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