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2205. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers »

En temps ordinaire, toutes ces circonstances qu’on énumère avec soin et qu’on relève auraient eu moins d’importance, car toutes n’auraient pas donné à la fois ; l’une, en manquant, aurait corrigé et compensé l’autre ; mais ici tout s’ajouta par l’effet du courant général des idées et des événements. […] Thiers, avec une lucidité parfaite, remet chaque chose à sa place et ne donne pas aux faits secondaires une portée qu’ils ne méritent pas. […] Ney attendait donc pour agir le corps de Reille, et, sur son ordre pressant, il ne vit arriver en premier lieu que Reille lui-même en personne, dont les divisions ne se mirent en mouvement pour rejoindre qu’un peu plus tard, et dont les conseils prudents, les remarques à l’égard des Anglais et du caractère particulier de leurs troupes, ne laissaient pas de lui donner à penser. […] Napoléon, quoique ne se portant pas bien en ce moment, était resté dix-huit heures à cheval le 45, n’avait pris que trois heures de sommeil, s’était levé le 16 presque avec le jour, avait donné et dicté ses ordres, et se remettait à cheval pour y rester dix-huit heures encore. […] Car, avant de rétrograder vers Ney, et lorsqu’il était en marche sur Bry, vers cinq heures, aperçu de loin par Vandamme et mal reconnu par l’un des officiers de ce dernier général, il avait donné des inquiétudes aux nôtres à un moment décisif, et avait contribué à suspendre un mouvement victorieux jusqu’à ce qu’on fut revenu d’une première erreur ; on y perdit près de deux heures bien précieuses.

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