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1022. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVII. Des panégyriques ou éloges adressés à Louis XIII, au cardinal de Richelieu, et au cardinal Mazarin. »

Son caractère, comme son règne, offrent une foule de contradictions ; il eut un enchaînement de victoires, et leur éclat lui fut, pour ainsi dire, étranger ; il eut des talents militaires, et à peine aujourd’hui ces talents sont connus ; il eut de l’agrément dans l’esprit et montra la plus grande indifférence pour les lettres ; la nature lui avait donné du courage, et même celui qui affronte la mort, et il n’eut jamais celui de commander. […] Loué par une foule d’orateurs, chanté par Malherbe, célébré à sa mort par Lingendes, placé par la nature entre Richelieu et Corneille, il prouva que le caractère seul peut donner du prix aux actions, aux vertus, aux succès même, et que les panégyristes, malgré leurs talents, ne donnent pas toujours le ton à la renommée. […] Ce n’est pas qu’il ne liât sa grandeur à celle de sa nation ; mais l’espèce de grandeur qu’il lui donna, fut toute en renommée. […] Mais il dirigea la paix de Munster, il fit la paix des Pyrénées, il donna l’Alsace à la France, il prévit peut-être qu’un jour la France pourrait commander à l’Espagne : voilà ses titres pour la renommée. […] Mazarin le fit appeler, lui fit des reproches de ce qu’il traitait si mal ses amis, et lui donna sur-le-champ une abbaye de quatre mille livres.

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