Il est de Santander, et fort lié avec le romancier José Maria de Pereda, le peintre incomparable des mœurs de la Montagne, et Juan Valera, à la fois romancier, quand il écrit Pepita Jimenez ou Le Commandeur Mendoza, et philosophe, quand il étudie les doctrines de Vivès ou de Lulle, mais avant tout, grand seigneur écrivain, styliste par nature et sans étude, immensément instruit, bien qu’il se prétende un apprenti helléniste dans la préface de cette traduction de Daphnis et Chloé, qui est le bijou littéraire de l’année. […] Les romanciers contemporains suivent deux courants bien dissemblables : les uns, s’appelant idéalistes, héritiers des doctrines et du faire d’autrefois, dont le passé dit Sandeau et Feuillet, et le présent Theuriet et Cherbuliez, Claretie et Féval ; les autres, s’appelant réalistes ou naturalistes, dont le passé dit Balzac et Flaubert, Jules de Goncourt et Champfleury, — l’homme a survécu au système, — et le présent Émile Zola, Edmond de Goncourt, Alphonse Daudet, Jean Richepin. […] Infligeant à tous les réformés de tous les temps la même injure, elle répète une phrase honteuse de Rohrbacher, les accusant en bloc et en détail de prêcher l’utilité et la justice de l’assassinat, accusation impudente, qui frelate, inconsciemment peut-être, mais pas moins criminellement pour cela, les vraies doctrines morales du protestantisme, les seules qui soient des doctrines dans cette religion qui n’est qu’une morale. […] En lui, le provincial, le penseur, le réaliste, nuisaient aux succès du romancier ; il n’avait pour lui, dans le combat qu’il combattit seul jusque vers 187762, que sa persévérance, sa croyance, non pas en sa force, — car M. de Pereda est un modeste qui doute toujours de lui-même, — mais en la force de ses doctrines et de son bon droit.