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455. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Les arbres, clair-semés sur un gazon grisâtre perpétuellement tondu par les moutons, penchent leurs troncs maigres dans des attitudes diverses, comme des mâts de barques de pêcheurs battus des vents sur une mer houleuse. […] Les chênes, membres vivants de ce salon en plein ciel, semblaient se prêter, par les diverses torsions de leurs racines et de leurs branches, à toutes les attitudes des hôtes des bois. […] Par un heureux hasard, qui groupe de temps en temps les hommes comme les chênes, deux grands et charmants artistes dans des arts divers étaient en ce moment en visite ou plutôt en villégiature avec nous, sous ce même toit, sous ces mêmes chênes qui avaient abrité ensemble autrefois le génie adolescent de Victor Hugo et l’esprit péripatéticien et discinctus de Charles Nodier. […] Et n’est-il de vivant que l’immense nature, Une au fond, mais s’ornant de mille aspects divers ? […] C’est ton doigt maternel qui dirigea mes yeux Sur l’alphabet sacré des couleurs et des formes, Et, dans l’accent divers des sapins ou des ormes, M’apprit à pénétrer des mots mystérieux.

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