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244. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Il en paraît enfin une image dégagée de toutes les formes qu’elle reçoit dans chaque temps particulier, des religions et des sociétés diverses et composée de ces traits généraux et communs qui constituent l’unité de l’homme, si divers par le temps et le lieu. […] « Le maniement des beaux esprits, dit-il, donne prix à la langue, non pas l’innovant tant comme la remplissant de plus vigoureux et divers services, l’estirant et ployant. […] Charron a retenu de son maître les formes du langage, ces figures, ces redoublements de mots pour renforcer le sens, l’étendre, en embrasser toutes les nuances ; ces épithètes qui sont comme les faces diverses du même objet ; ces images, si chères aux esprits spéculatifs, pour lesquels une demi-vue équivaut à une vue claire et entière. […] Peut-être même Charron est-il le seul de nos moralistes : qui, nous ayant montré les diverses faiblesses de notre nature, nous ait indiqué pour chacune les moyens d’y remédier. […] pour les faiblesses qui les engendrent, pour les convenances de nos conditions diverses, pour nos amusements même, que sa douce vertu ne nous envie pas !

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