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141. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Montaigne était sur le point de le publier innocemment dans ses Essais, pour donner une idée du talent précoce de son ami, lorsqu’il s’aperçut qu’il avait été devancé par les violents et les irrités du temps, qui, dans un recueil imprimé au lendemain de la Saint-Barthélemy, avaient mis le traité de La Boétie avec d’autres discours du même genre, à cette fin de remuer et renverser l’État. […] Il faudrait maintenant consulter le Discours sur la renaissance des lettres à Bordeaux au xvie  siècle, de M.  […] [NdA] À la date de 1789, on trouve une brochure intitulée Discours de Marius, plébéien et consul, traduit en prose et en vers français du latin de Salluste, suivi du discours d’Étienne de La Boétie sur la servitude volontaire, traduit du français de son temps en français d’aujourd’hui, par l’Ingénu, soldat dans le régiment de Navarre ; le tout dédié aux mânes de Chevert. Pour corriger ce que le Discours de La Boétie, ainsi reproduit, semblait avoir de provoquant en face de Louis XVI, on y disait par précaution, à la fin de la préface : « Le Discours de La Boétie ne convient que dans ces cas où il y a de grandes injustices. » Puis on faisait un portrait supposé, ou par allusion, d’un chef de la noblesse oppresseur, d’un chef de la justice prévaricateur, d’un Premier ministre despote : Voilà peut-être, concluait-on, contre qui le Discours de La Boétie peut avoir quelque force ; mais contre la monarchie il n’en peut avoir, au moins parmi nous.

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