Sans cette grande personnalité de Napoléon Bonaparte, ébauchée par les événements qui l’achèveront, sans ce jeune astre qui émerge de l’horizon d’Italie, on n’aurait pas, pour reposer les yeux et la pensée, une seule figure digne des respects de l’histoire dans ce trifouil immonde au milieu duquel l’historien a eu le courage de pénétrer. […] Par la hardiesse de son esprit, qui n’a peur de rien, et par la nature de son sujet, qui renferme tout ce qui peut effrayer des esprits moins fermes, — car il ne s’agit de rien moins, ici, sous tous ces noms de Monarchie de Juillet, de République et d’Empire, que de s’interroger et de se répondre sur la destinée du pouvoir dans les sociétés de ce temps, et aussi de recueillir la haine, l’indomptable haine des partis qu’on démasque et qu’on déshonore, — Cassagnac était digne d’écrire cette terrible histoire, et elle, à son tour, était digne de lui. […] On y use sa dernière chance, son dernier moyen, sa dernière heure, avec inquiétude, avec terreur, mais on les y use ; et après avoir refusé obstinément de prendre, quand il était temps encore, deux ou trois mesures avec une fermeté prudente, on en prend mille quand il est trop « tard, avec la plus lâche précipitation. » Assurément, l’homme qui a écrit cela était digne de parler le langage de toutes les prévoyances dans son histoire, et d’être écouté par tous ceux pour qui l’histoire est une leçon. […] cela n’est-il pas digne d’étonnement, et après l’étonnement d’attention, et de la part de ceux qui savent, qui, ayant vocation pour lire son livre comme Cassagnac pour l’écrire, peuvent dire si son diamant est vrai ou faux, et de la part de ceux qui, comme moi, le croient vrai, et peuvent d’ailleurs juger du feu qu’il jette et de la hardiesse de sa coupe, et de l’adroite et longue patience du lapidaire qui l’a taillé.