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595. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

Mais parce qu’une île déjà bien peuplée, telle que la Grande-Bretagne, n’a pas, autant qu’on peut en juger, reçu pendant le cours des derniers siècles, par l’un ou l’autre de ces moyens occasionnels de transport, quelques immigrants d’Europe ou de quelque autre continent, ce qu’il est d’ailleurs assez difficile de prouver, il n’en faudrait nullement conclure, qu’une île pauvrement peuplée, bien que située beaucoup plus loin de la terre ferme, ne pût recevoir de colons par les mêmes moyens. […] Une fois ceci admis, il est difficile de s’empêcher de croire que pendant toute cette période la température du monde entier a été partout à la fois plus froide qu’elle n’est aujourd’hui. […] Il est très difficile de comprendre comment un grand nombre de formes spéciales, confinées entre les tropiques, se seraient conservées pendant la période du maximum de froid de la période glaciaire. […] Mais l’existence de plusieurs espèces tout à fait distinctes, appartenant à des genres exclusivement confinés dans le sud, en ces divers points et en quelques autres de l’hémisphère austral, est un fait bien autrement difficile à expliquer au point de vue de ma théorie de descendance modifiée. […] Tout ce qu’on peut affirmer, c’est que toute espèce ou toute variété établie dans une contrée depuis un certain temps, et en tant que représentée par ses membres vivants, est bien certainement locale, c’est-à-dire plus ou moins étroitement adaptée aux conditions de vie du lieu qu’elle habite ; mais il est beaucoup plus difficile, sinon impossible de savoir si ses ancêtres y sont venus tels que leurs descendants sont aujourd’hui, ou si dans la suite des générations ils se sont plus ou moins modifiés, jusqu’à quel point et en quel sens.

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