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852. (1813) Réflexions sur le suicide

Je me propose de présenter la question du Suicide sous trois rapports différents : j’examinerai d’abord Quelle est l’action de la souffrance sur l’âme humaine ; secondement, je montrerai Quelles sont les lois que la religion chrétienne nous impose relativement au Suicide, et troisièmement je considérerai En quoi consiste la plus grande dignité morale de l’homme sur cette terre. […] Le malheur n’est presque jamais une chose absolue ; ses rapports avec nos souvenirs ou nos espérances en composent souvent la plus grande partie, et quand une secousse très vive s’opère en nous-mêmes, notre douleur s’offre souvent à notre imagination sous un aspect tout différent. […] Si la destinée ou les menaces d’un maître ont fait craindre à un homme tel degré de douleur, et qu’il apprenne que la moitié de ce qu’il redoutait lui est épargnée, son impression sera toute différente de celle qu’il aurait ressentie, s’il n’avait pas éprouvé une aussi grande terreur. […] Le public qui est à quelques égards une chose si différente de chaque individu, le public qui est un homme d’esprit quoiqu’il se compose de tant d’êtres stupides, le public qui a de la générosité quoique des platitudes sans nombre soient commises par ceux qui en font partie, le public finit toujours par se rallier à la justice dès que des circonstances prédominantes et momentanées ont disparu. […] Le Suicide réfléchi est inconciliable avec la foi chrétienne, puisque cette foi repose principalement sur les différents devoirs de la résignation.

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