Selon César et en y joignant ce que dit Strabon qui le complète, il y avait donc trois peuples ou races parlant trois langues principales primitives dans la Gaule antérieurement à la domination romaine : 1° les Aquitains (qui habitaient l’espace triangulaire compris entre le cours de la Garonne et la moitié occidentale de la chaîne des Pyrénées) parlaient une langue qui se rapprochait fort de l’ibère ou de l’espagnol d’alors ; 2° les Celtes qui parlaient une autre langue très-distincte étaient principalement concentrés entre la Garonne et la Seine ; 3° les tribus belges ou gauloises qui parlaient une langue regardée comme distincte par César, mais certainement moins différente de la celtique que de l’aquitaine, occupaient tout l’espace de la rive droite de la Seine à la rive gauche du Rhin et à l’Océan. […] Si cela était vrai, même à Rome et aux portes de Rome, si, au premier siècle de notre ère, l’osque ou telle autre forme de langage italiote primitif étaient encore parlés dans des districts peu éloignés de la Ville éternelle, que devait-il donc arriver en Gaule, au cœur du pays, chez des populations qui avaient un fonds d’idiomes tout à fait différents de famille et réfractaires à la fusion ? […] Ainsi, à la fin du Ve siècle, il y eut jusqu’à sept ou huit langues différentes dans la Gaule19. […] « Au xe siècle, l’histoire ne trouve plus, dans les limites de la Gaule, que quatre différentes langues. […] Ou, si vous me permettez une autre image, il y aurait eu, à un certain moment, vers le ixe siècle (et en ce qui est de la langue), un grand lac commun universel, couvrant toute l’Europe méridionale et presque toute la France ; et ce ne serait que par une sorte de dessèchement graduel que se seraient formés ensuite les différents lacs séparés, c’est-à-dire les idiomes distincts.