Quand nous comparons deux longueurs différentes, nous pouvons sentir laquelle est la plus grande, exactement comme lorsque nous comparons deux poids ou résistances différentes. […] Or, sitôt qu’un nom distinctif est appliqué, quand même ce serait à la même chose considérée sous un aspect différent, l’expérience la plus familière de notre nature mentale nous enseigne que ce nom différent est bientôt considéré comme le nom d’une chose différente. […] « Quand ce point a été atteint, les possibilités permanentes en question ont pris un aspect et un rôle par rapport à nous si différents du rôle et de l’aspect que revêtent nos sensations, qu’elles ne peuvent manquer, et cela par le jeu naturel de notre constitution mentale, d’être conçues et crues comme au moins aussi différentes de nos sensations qu’une sensation l’est d’une autre. […] Les différences que notre conscience reconnaît entre une sensation et une autre nous donnent l’idée générale de différence et associent indissolublement à chaque sensation que nous avons le sentiment qu’elle est différente d’autres choses ; et, quand une fois cette association a été formée, nous ne pouvons plus concevoir une chose quelconque sans être capables et même obligés de former aussi la conception de quelque chose de différent. Cette familiarité avec l’idée de quelque chose de différent de chaque chose que nous connaissons nous conduit aisément et naturellement à former la notion de quelque chose de différent de toutes les choses que nous connaissons, collectivement aussi bien qu’individuellement.