On ne saurait se le dissimuler, il y a, sous le rapport des impressions causées par la douleur, autant de différence entre les individus, qu’il en peut exister relativement au génie et au caractère ; non seulement les circonstances, mais la manière de les sentir diffère tellement, que des personnes très estimables d’ailleurs peuvent ne pas s’entendre à cet égard ; et cependant, de toutes les bornes de l’esprit, la plus insupportable, c’est celle qui nous empêche de comprendre les autres. […] La vieillesse et la mort devraient mettre tous les hommes au désespoir bien plus que leurs chagrins particuliers ; mais on se soumet facilement à la condition universelle, et l’on se révolte contre son propre partage, sans réfléchir, que la condition universelle se retrouve dans chaque lot, et que les différences sont plus apparentes que réelles. En traitant de la dignité morale de l’homme, je prononcerai fortement la différence qui existe entre le Suicide et le Dévouement ; c’est-à-dire, entre le sacrifice de soi aux autres, ou ce qui est la même chose, à la vertu ; et le renoncement à l’existence, parce qu’elle nous est à charge. […] Quelle différence entre cette abnégation religieuse de la lutte terrestre et la fureur qui porte à se détruire pour se délivrer de ce qu’on souffre.