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338. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Le jeune érudit, sans se perdre dans de vagues considérations, et tout en se laissant guider par une pensée jusqu’à un certain point philosophique, expose et démêle, moyennant des textes précis qui témoignent d’une immense lecture, les divers préjugés des Anciens sur les Dieux, les oracles, la magie, les songes, etc., etc. […] En tête d’un fragment traduit de la Théogonie d’Hésiode (la bataille des Dieux et des Titans) il se livre à des réflexions approfondies et vives sur le mérite propre de cette poésie d’Hésiode, surtout dans les Travaux et les Jours ; il la met presque au-dessus de celle d’Homère pour une certaine sincérité et ingénuité incomparable (schiettezza), il incline fort à la croire du moins supérieure en âge, et à ce propos il s’étend sur les conditions diverses qu’exige la traduction des poëtes anciens. […] O dieux, ô dieux ! […] Celui qu’aiment les Dieux meurt jeune. […] Et toutefois, vous collines et coteaux, vous ne resterez pas longtemps plongés dans l’ombre, vous retrouverez tout à l’heure, de l’autre côté de l’horizon, une aube nouvelle, suivie d’un radieux soleil ; et il ajoutait : « Mais la vie mortelle, du moment que la belle jeunesse a disparu, ne se colore plus jamais d’une autre lumière ni d’une autre aurore ; elle est veuve jusqu’à la fin, et, à cette nuit qui obscurcit tous les autres âges, les Dieux n’ont mis pour terme que le tombeau. » Ma la vita mortal, poi che la bella Giovinezza spari, non si colora D’altra luce giammai, nè d’altra aurora.

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