Ce qui le prouve, c’est que les poètes n’imaginèrent pas autrement Jupiter, le roi des hommes et des dieux. On le voit dans Homère s’excuser auprès de Thétis de n’avoir pu contrevenir à ce que les dieux avaient une fois déterminé dans le grand conseil de l’Olympe. […] En vain les stoïciens voudraient nous présenter ici Jupiter comme soumis à leur destin ; Jupiter et tous les dieux ont tenu conseil sur les choses humaines, et les ont par conséquent déterminées par l’effet d’une volonté libre. […] Tite-Live s’étonne de ce qu’au passage d’Annibal, de pareilles assemblées se tenaient dans les Gaules ; mais nous voyons dans Tacite, que chez ce peuple les prêtres tenaient des assemblées analogues, dans lesquelles ils ordonnaient les punitions, comme si les dieux eussent été présents . […] Aime-t-il la gloire, lorsque, pour une injure particulière, il accuse les dieux et les hommes, se plaint à Jupiter de son rang élevé, rappelle ses soldats de l’armée alliée, et que, ne rougissant point de se réjouir avec Patrocle de l’affreux carnage que fait Hector de ses compatriotes, il forme le souhait impie que tous les Troyens et tous les Grecs périssent dans cette guerre, et que Patrocle et lui survivent seuls à leur ruine ?