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999. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

M. l’abbé de La Roque, qui est plus en fonds et mieux muni sur Racine fils que sur Racine père, n’a guère fourni de nouveau sur le premier que quelques lettres adressées par lui à sa sœur restée à La Ferté-Milon, Marie Racine, qui devint ensuite Mme Rivière. […] Ces lettres de Racine n’ont rien de remarquable, sinon qu’elles ne le sont pas du tout, et qu’il devient curieux de voir un homme de génie, dans une Correspondance qui se prolonge durant tant d’années, écrire si uniment et avec si peu de vivacité, avec une telle absence de traits d’esprit. […] Ce contraste si marqué entre son nom illustre et sa maussade apparence fut sans doute une des raisons qui déterminèrent, malgré son mérite, les amis de son père à le pousser vers la finance et à le détourner d’une carrière purement littéraire, dans laquelle ses préjugés à demi jansénistes devenaient d’ailleurs un obstacle. […] Le plus grand danger pour lui est de devenir stagnant et de croupir. […] Certaines idées sont belles, mais, si vous les répétez trop, elles deviennent des lieux communs : « Le premier qui les emploie avec succès est un maître, et un grand maître ; mais, quand elles sont usées, celui qui les emploie encore court risque de passer pour un écolier déclamateur. » C’est Voltaire, l’excellent critique littéraire, qui a dit cela, et à propos de Racine fils.

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