Pendant le règne des Bourbons, tous ces hommes se sont vantés de leurs trahisons, qui étaient devenues des titres aux récompenses, des motifs d’orgueilleuse indiscrétion. […] Soyez certain que l’état que je vous donne des forces de l’armée et de l’exaltation du pays est absolument, exactement vrai ; et si l’Empereur avait une victoire, le Brabant deviendrait aussi pour les Alliés une Espagne. […] S’ils courent à la guerre, c’est l’empereur de Russie qui devient le maître, lui que ses troupes appelaient dès l’année dernière l’Agamemnon, le Roi des Rois 47 ; c’est l’empereur de Russie qui veut la guerre, parce qu’à son arrivée à Paris, M. de Talleyrand, se trouvant compromis, voulant l’enchaîner à lui, fit déclarer qu’il ne traiterait pas avec Bonaparte ; mais, quinze jours auparavant, toutes les puissances n’ont-elles pas traité avec lui à Châtillon ? […] Demander aux hommes de sa trempe d’être des libéraux par goût, par penchant et préférence, c’est trop exiger de l’humaine nature : c’est bien assez s’ils le deviennent à une certaine heure par une juste appréciation de la nécessité et par raison d’État. […] Enfin, une lettre de Mme de Souza à Mme d’Albany, du 26 mai 1814, nous apprend que la réouverture du salon de Mme de Staël à Paris donna dès les premiers jours de l’ombrage : « Mme de Staël est ici, et son salon (ceci entre nous ; ne me répondez même pas là-dessus) est déjà devenu un objet d’inquiétude.