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1270. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

En un mot, malgré tant de disparates capables de faire ouvrir les yeux, tout ce que cet Ecrivain a produit, a été accueilli, cru, préconisé ; il est devenu l’idole de son Siecle, & son empire sur les Esprits foibles ne sauroit être mieux comparé qu’à celui du grand Lama, dont on révere, comme chacun sait, jusqu’aux plus vils excrémens. […] ce n'est pas le Poëte qui raconte : il rapproche les objets, il les rend présens, le Lecteur devient un témoin qui voit & écoute ; l'imagination d'Homere entraîne la sienne, toutes les fois qu'il lui présente de nouveaux tableaux, & ces tableaux varient à l'infini. […] On pourroit leur répondre encore, que M. de Voltaire étant devenu le Poëte à la mode, le goût du Siecle, corrompu par ce Poëte lui-même, ne doit pas servir de regle, quand il s'attache uniquement à lui ; qu'il paroît assez que ce goût ne s'occupe que de ce qui peut l'amuser ; qu'il s'inquiete peu s'il est d'accord avec les vrais principes ; & qu'enfin, indépendamment des dispositions de la multitude pour son Poëte favori, les ressorts de la Cabale qui le préconise, contribuent, plus que tout le reste, à le rendre Possesseur exclusif du Théatre. […] De là, d'abord ami & flatteur du grand Rousseau, il est devenu son ennemi le plus acharné, & n'a cessé de le poursuivre sous la cendre qui couvre son tombeau. […] Les Anglois mêmes, si souvent loués dans ses écrits, sont devenus, comme les autres Peuples, le jouet de ses plaisanteries.

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