Elle ne cesse que le jour où la nation a disparu, où sa langue est devenue une langue morte. […] L’art devient un fruit du sol, fécondé, en quelque façon par la connaissance du passé. […] L’esprit français, ébloui et charmé à la vue de l’antiquité, croyait renaître et comme sortir des limbes ; il ne renaissait pas, il arrivait lui-même à sa maturité et s’il se reconnaissait dans l’esprit antique, c’est parce qu’il devenait à son tour l’esprit humain. […] L’esprit humain est partout ; il est dans les grandes littératures du Midi et du Nord ; il est jusque dans ces patois qui n’ont pu devenir des langues littéraires ; mais il y est moins complet, il y paraît sous des formes plus ou moins défectueuses. […] Si l’imagination, dans notre pays, changeait de rôle, et si d’auxiliaire de la raison elle devenait maîtresse, nous perdrions la raison de Descartes et de Pascal, sans acquérir les grâces de l’imagination de Platon.