Je constate d’abord la profonde différence entre le roman populaire, qui serait, par définition, une œuvre d’art destinée à l’éducation du peuple, et le roman-feuilleton, qui n’est pas une œuvre d’art et ne vise qu’à l’amusement. […] Les feuilletonistes ont, presque tous, un sens exact du mouvement dramatique ; une science de l’horrible et du terrifiant ; une adresse à démêler les écheveaux ; une habileté à laisser pour morts, sur le champ de bataille de l’action, des héros qui ressuscitent pour de longues destinées ; un doigté dans l’usage du point de suspension ; une fidélité au type honorable des bonnes mères, des petites ouvrières laborieuses et des amours éternelles, qui ne sont pas des qualités si méprisables qu’on le croit. […] Elle remplit toute sa destinée quand elle va au-delà, quand elle élève l’homme, le rend meilleur, le porte à la vaillance, au sacrifice et à Dieu. […] Il y a des œuvres et même des chefs-d’œuvre littéraires qui peuvent se répandre dans le peuple, plus ou moins, mais il y en a peu qui lui soient destinés. […] Il a compris admirablement les conditions que réclame non pas le grand public, mais l’immense public auquel un roman peut aller, et, si le livre est déparé par d’énormes défauts, il a néanmoins la simplicité, l’ampleur et, par endroits, la haute moralité qui doivent marquer un drame destiné à passionner et à élever l’esprit du peuple.