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2044. (1883) Le roman naturaliste

De leur union longtemps stérile, un fils, enfin, leur est né, que de mystérieuses prédictions destinent vaguement à de hautes et glorieuses aventures. […] En tout cas, c’est une œuvre forte, une de ces œuvres destinées à vivre comme l’expression d’un temps, d’une génération, de trente années d’histoire ; — et je crois que c’est tout ce que l’auteur a voulu. […] Nous croyons, nous, que chacun de nous se fait à soi-même sa destinée ; qu’il est le propre artisan de son bonheur, et le maladroit ou criminel auteur de ses infortunes : c’est une manière de concevoir la vie. […] Ce qui paraît l’avoir frappée vivement, dans l’une de ces heures où nous nous replions sur nous-mêmes, et où nous repassons nos souvenirs pour tâcher de débrouiller l’énigme de notre propre destinée, c’est l’importance considérable, et en apparence disproportionnée à sa cause, que peut avoir, pour le bonheur ou le malheur d’une existence humaine, le fait qu’on aurait cru le plus insignifiant. « Nos actions agissent sur nous autant que nous agissons sur elles. » Elles enveloppent jusqu’à l’exercice futur de notre liberté dans le tissu de leurs conséquences.

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