La mère, voyant la gêne des siens qui se prolongeait sans espoir, conçut un grand dessein et s’embarqua pour l’Amérique avec sa dernière fille, avec Marceline, âgée d’environ treize ans. […] Habituée qu’elle était à donner à ses sentiments une forme unique, elle s’est senti plus d’une fois le cœur aveuvé ; elle s’est demandé, elle a demandé aux objets muets si c’était bien la loi fatale et dernière ; ainsi, hier encore, en regardant une horloge arrêtée : Horloge, d’où s’élançait l’heure, Vibrante en passant dans l’or pur, Comme un oiseau qui chante ou pleure Dans un arbre où son nid est sûr, Ton haleine égale et sonore Sous le froid cadran ne bat plus : Tout s’éteint-il comme l’aurore Des beaux jours qu’à ton front j’ai lus ? […] Ses derniers vers nous arrivent toujours remplis d’accents de sollicitude et d’espérance pour sa jeune couvée. […] Je n’ai rien aimé de plus qu’elle et mon pauvre frère Félix, dont l’absence et l’abandon me minaient, et aussi ma pauvre sœur Cécile dont je secours si mal les dernières années. […] Elle habitait en dernier lieu, rue de Rivoli, au coin de la rue Étienne.