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535. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 5-64

CXLVII Pendant que le char avançait au pas lent des grands bœufs des Maremmes et que les deux fiancés, assis l’un près de l’autre, sous le dais de toile, causaient à voix basse, les mains dans les mains, le petit bouvier assis tout près de moi, sur la cheville ouvrière du timon, derrière ses bœufs, regardait avec un naïf ébahissement ma zampogne et me demandait qui est-ce qui m’avait appris si jeune à faire jouer des airs si mélodieux à ce morceau de bois attaché à cette peau de bête. […] Ils avaient l’air indécis de deux personnes qui se demandent : Ferons-nous ou ne ferons-nous pas ? […] Je m’étais levée toute confuse au bruit, et je tremblais qu’elle vînt me demander compte des airs de musique dont j’avais troublé, sans doute, le sommeil de ses prisonniers. […] La bonne femme, me croyant vraiment des Abruzzes, ne me demanda même pas le nom de mon village. […] mes gages, dis-je, vous me donnerez ce que vous me jugerez devoir gagner honnêtement, quand vous aurez éprouvé mes pauvres services ; pourvu que mon père et ma tante mangent leur pain retranché du morceau que vous me donnerez, je ne demande que leur vie par-dessus la mienne.

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