Mallarmé montait les premiers degrés de la gloire, ses mardis soirs étaient suivis avec tant de recueillement qu’on eût dit vraiment, dans le bon sens du mot, une chapelle à son quatrième de la rue de Rome. […] Ils hésiteraient à émettre des hypothèses, à tenter de divulguer l’inconnu, à gravir les premiers degrés de l’inconnaissable d’un ton trop oratoire. […] C’est étudier la disparate entre le possible et le réel que composer ainsi ; cette disparate est source d’effets comiques, oui, au premier degré ; mais elle est aussi tragique ou, mieux, triste, triste pour le contemplateur ; la nécessité de traduire ces deux nuances exigeait un ton spécial, à créer ; donc, pas ou peu d’élans d’éloquence, des vers très soucieux de l’allure du langage contemporain, des strophes nettes, calquées, non sur la durée rythmique, mais sur la durée de la phrase qui saisit un fait, une sensation ; le livre devait être comme un ensemble de chansons mélancoliques ; pourtant comme Laforgue voulait faire voir, et non chanter, il s’arrêta à ce titre, à cette gamme des Complaintes.