Voyez, dans le Hamlet revu et développé, au troisième acte, à la seconde scène, après la représentation intercalée dans le drame, ce que le héros dit à son ami : « Ne croyez-vous pas qu’un coup de théâtre comme celui-ci pourrait me faire recevoir compagnon dans une troupe de comédiens ? […] Malgré toutes les intrigues qui s’entre-croisent, tout est lié dans la fiction, tout s’y développe de la manière la plus heureuse, et le dénouement a quelque chose de solennel par la reconnaissance qui a lieu devant un tribunal auquel préside le prince. […] Shakspeare n’a point écrit ses drames historiques dans l’ordre chronologique et pour reproduire sur le théâtre, comme ils s’étaient successivement développés en fait, les événements et les personnages de l’histoire d’Angleterre. […] Mais la marche des quatre premiers actes est simple, rapide, animée ; les événements de l’histoire, plans de gouvernement ou de conquête, complots, négociations, guerres, s’y transforment sans effort en scènes de théâtre pleines de vie et d’effet ; si les caractères sont peu développés, ils sont bien dessinés et bien soutenus ; et le double génie de Shakspeare, moraliste profond et poëte brillant, même dans les formes pénibles et bizarres qu’il donne à sa pensée et à son imagination, y conserve son abondance et son éclat.