Ces dégoûts, ces désirs vagues, ces espérances romanesques, se confondirent, au moment de sa démission, dans un sentiment d’indignation généreuse, et firent un éclat qui lui imposait désormais un rôle. […] Dans ses Mémoires, le chapitre par lequel il entame sa vie politique et qu’il intitule « De Bonaparte », débute également par une page qui va rejoindre la dernière invocation de ce poème des Martyrs : « La jeunesse est une chose charmante ; elle part au commencement de la vie, couronnée de fleurs, comme la flotte athénienne pour aller conquérir la Sicile… » Et le poète conclut que, quand la jeunesse est passée avec ses désirs et ses songes, il faut bien, en désespoir de cause, se rabattre à la terre et en venir à la triste réalité. […] Carnot avait publié en 1814 un Mémoire au roi, plus ou moins opportun de sa part, mais qui était dicté par un sentiment patriotique honorable et un désir manifeste de conciliation. […] que voilà bien le poète, le René que nous connaissons, lequel, au moindre obstacle, au moindre retard dans l’accomplissement de son désir, se dégoûte, fait le dédaigneux et le superbe, et menace de s’en retourner comme devant, au Canada ou dans les Florides !