Ce n’est pas un sentiment passager qui produit la bienfaisance du Chrétien, ce n’est pas la vue seule de l’objet qui excite sa compassion ; c’est la prévoyance, c’est le désir du bonheur général, c’est un amour profond de l’Humanité entiere. […] Si cette vérité étoit profondément gravée dans l’esprit de tous les Hommes, aucun ne préféreroit le vice à la vertu, durant cette courte vie, dans la crainte d’être éternellement puni dans l’autre ; mais le désir de se procurer les biens que Dieu promet, & d’éviter les châtimens dont il menace, les porteroit tous à réprimer leurs passions déréglées, & à enrichir leur ame de toutes les vertus. […] Par elle, les désirs coupables sont étouffés, & les sentimens sont réglés sur l’utilité publique & particuliere. […] J’ai mal usé de ma santé, & vous m’en avez justement puni ; ne souffrez pas que j’use mal de votre punition. » L’Homme sans Religion ne cherche qu’à repousser ce qui le blesse ; il s’impatiente, il murmure, il s’irrite, il aggrave les coups qu’il éprouve ; rien ne peut adoucir son mal, & il est toujours prêt à immoler tout ce qui l’environne au désir de s’en délivrer.