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650. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Or, il est aisé de concevoir qu’en pareille occurrence l’un des deux organes peut s’être successivement modifié et perfectionné de manière à faire à lui seul tout le travail, en demeurant aidé par l’autre dans ses fonctions pendant le cours des modifications ; et enfin cet autre organe peut de son côté s’être modifié pour remplir une autre fonction entièrement distincte, ou s’être plus ou moins totalement atrophié par le défaut d’usage. […] Généralement, quand un même organe apparaît chez plusieurs représentants de la même classe, et particulièrement chez ceux qui ont des habitudes de vie très différentes, nous pouvons attribuer sa présence chez ces derniers aux tendances héréditaires léguées par un ancêtre commun, et son absence chez tous les autres à l’atrophie résultant du défaut d’exercice et de la sélection naturelle. […] Ces adaptations sont facilitées en quelques cas par l’usage ou le défaut d’exercice des organes ; elles sont légèrement influencées par l’action directe des conditions extérieures de la vie, et sont toujours subordonnées aux effets provenant des diverses lois de la croissance. […] Ce serait, en réalité, un organe devenu rudimentaire en fonction par défaut d’exercice chez des espèces autrefois semi-aquatiques, semi-aériennes, et devenues aujourd’hui exclusivement sub-aquatiques ; tandis qu’au contraire, chez d’autres espèces de mieux en mieux et de plus en plus exclusivement adaptées à la vie aérienne, ce sont les branchies qui sont devenues rudimentaires par résorption et défaut d’exercice, tandis que la vessie natatoire s’est développée en poumon. […] À mesure que cet organe s’atrophiait ainsi par le défaut d’usage ou d’exercice chez certains descendants de la souche mère, il devait aussi acquérir plus de perfection chez d’autres variétés auxquelles il devenait d’autant plus avantageux qu’elles en demeuraient seules pourvues.

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