Avec la Renaissance, avec la Pléiade les Rythmes se sont élancés du sol, comme les soldats de Cadmos, et tous agiles, dansants, ailés ; et de la France ils se sont répandus en Europe, appelés et saisis par les poètes de l’Espagne, de l’Italie et de l’Angleterre qui créèrent ou reforgèrent alors toute leur métrique d’après la nôtre. […] Mais cette dissidence apparente ne m’empêche pas de croire avec Sainte-Beuve et surtout d’après la triple tradition de Marot, de Ronsard et de Malherbe, d’après toute la tradition française, que l’exactitude et la plénitude de la Rime sont indispensables 6 : car cette exactitude et cette plénitude communiquent au vers français le scintillement du cristal ou l’éclat de la pourpre et le rehaussent encore d’une suavité mélodieuse ou d’une sonore magie qui n’ont d’égales que dans les combinaisons harmoniques des plus grands musiciens.