Faugère, avec un tact parfait, se garde d’insister sur ce blâme ; mais, en racontant et en développant les inexactitudes littérales qui ont été commises d’après divers motifs, il semble apporter de nouvelles preuves contre ces excellents hommes. […] Ses amis savaient de lui mille choses dont nous ne nous doutons qu’à peine aujourd’hui ; ils avaient une impression réelle et vraie de sa personne et de son esprit, au lieu de tous ces types, un peu fantastiques, que chacun de nous s’est formés de lui d’après sa propre imagination. […] » Mais dans ces paroles mêmes si vives, si poignantes, il y a encore trop de l’homme de ce temps-ci, du Pascal tel que chacun le porte et l’agite en soi, du Pascal d’après Werther et René65. […] L’éditeur actuel de Pascal, M augère, qui vient de pratiquer de si près son auteur, incline, d’après plusieurs passages, à le ranger parmi les mystiques. […] Pour guérir cela, il faut commencer par montrer que la religion n’est point contraire à la raison ; qu’elle est vénérable, en donner le respect ; la rendre ensuite aimable, faire souhaiter aux bons qu’elle fût vraie, et puis montrer qu’elle est vraie : — vénérable parce qu’elle a bien connu l’homme, aimable parce qu’elle promet le vrai bien. » On n’aurait que le choix entre les passages pour faire voir que Pascal n’avait nullement dessein de pousser les choses à l’absurde, comme on le pourrait augurer d’après certaines pensées publiées isolément.