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1676. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

S’il y a, comme fonds naturel et comme manière d’artiste, de grandes différences entre M. de Chateaubriand et Mme de Staël, on est frappé d’ailleurs par les ressemblances bien essentielles qu’ils présentent : tous deux aimant la liberté, impatients de la même tyrannie, capables de sentir la grandeur des destinées populaires, sans abjurer les souvenirs et les penchants aristocratiques ; tous deux travaillant au retour du sentiment religieux, dans des voies plutôt différentes que contraires. […] Mais on ne doit pas chercher une peinture fidèle dans cette production, d’ailleurs agréable : les dates y sont confuses, les personnages groupés, les rôles arrangés ; M. de Schlegel y devient un grotesque, sacrifié sans goût et sans mesure ; le tout enfin se présente sous un faux jour romanesque, qui altère, à nos yeux, la vraie poésie autant que la réalité. […] Deux fidèles et véritables portraits par le pinceau dispenseraient, d’ailleurs, de toutes ces esquisses littéraires : le portrait peint par Mme Lebrun (1807), qui nous rend Mme de Staël en Corinne, nu-tête, la chevelure frisée, une lyre à la main ; et le portrait à turban par Gérard, composé depuis la mort, mais d’après un parfait souvenir. […] D’ailleurs M. de Feletz, dans les Débats, continua sa chicane méticuleuse et chichement polie71 ; M. […] L’Allemagne ayant été de plus en plus connue, et ayant d’ailleurs marché depuis cette époque, le livre de Mme de Staël peut sembler aujourd’hui moins complet dans sa partie historique ; l’opinion s’est montrée dans ces derniers temps plus sensible à ces défectuosités.

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