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1446. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

Mais le geste particulier, le mouvement qui indique l’état d’âme d’un instant laissent croire qu’une action nouvelle suivra l’instant d’après, avec son geste et son mouvement nouveaux ; il y a en eux de l’inachevé et lorsqu’ils se montrent dans la sculpture surtout, ils contredisent l’essence de cet art en un rythme qui suppose le temps11. […] Mais ce fut nécessaire, on peut le croire, après l’admirable élan sans doute un peu désordonné des Romantiques, car ils avaient en général sacrifié aux cris éloquents de la couleur la sobre et sure argumentation que les lignes élèvent vers la Beauté. […] Ceux-ci viennent du Parnasse plus directement que ceux-là ; ils restent liés à lui par des habitudes difficiles à rompre et, sans qu’ils s’en doute je crois, négligent à ce point de vue les conquêtes nouvelles pour continuer la réaction d’hier contre les derniers Romantiques. […] Theuriet, (malgré bien des choses), parce qu’il a compris la « princesse verte », qu’il nous a fait voir des sous-bois où la lumière est fraiche et comme élastique, qu’il nous a récité la cantilène des ramilles et qu’il a bien aussi, je crois, pressenti l’immémoriale épopée des hauts arbres. […] Vielé-Griffin sacrifie à l’expression directe plus souvent qu’il ne faudrait ; il ne s’abaisse pourtant jamais à copier la nature, mais il l’imagine à nouveau, je crois, et recrée tel détail qu’il exprime avec force et fidélité.

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