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1443. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Quelques points surtout fixaient mon attention : je croyais distinguer le troupeau et reconnaître le berger, qui peut-être regardait planer sur sa tête l’aigle que je voyais, bien au-dessous de moi, décrire de vastes cercles dans les airs. […] Depuis lors, la critique littéraire qui, aux mains des maîtres, ne s’est guère appliquée qu’à des époques plus éloignées, n’a pas daigné regarder ou du moins signaler ce qu’elle n’ignorait pas, ce que pourtant, je crois, elle ne prisait point assez et à sa valeur. […] Depuis Homère jusqu’à Milton, jusqu’au Tasse, jusqu’à Voltaire, je ne crois pas que le génie de l’épopée ait enfanté un poème qui ait paru dans un temps où l’on n’eût autre chose à faire que de le lire ; et beaucoup de difficultés doivent se réunir contre cette œuvre de l’esprit qui acquiert à son auteur la plus grande gloire dont l’homme soit susceptible. […] Il ne cachait pas même à ses amis qu’il avait vu ou qu’il croyait avoir vu des choses fort extraordinaires, mais lorsqu’on le pressait à ce sujet, il rompait la conversation et refusait de s’expliquer. […] Il se peut que Ramond ait été chargé de suivre les affaires américaines pendant l’une ou l’autre de ces absences ; j’inclinerais à croire que ce fut dans la première et lors du brusque départ de Jefferson pour Londres.

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