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1430. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « III. Donoso Cortès »

Il l’est aussi, même quand il croit et veut le moins l’être, même quand il insulte la beauté littéraire. […] Pour notre part, nous ne croyons pas plus à l’écrivain sans pensée qu’au penseur sans style… Kant lui-même a du style, quand, par rareté, il a raison. […] On croit que c’est la fin, et voilà que tout recommence, sans se répéter ! […] Ceux qui prient pour le monde font plus que ceux qui combattent. » Et en effet, lui, l’ambassadeur, qui n’a jamais fait comme Chateaubriand, ce fat d’affaires, ce porteur d’empire sur le bout du doigt, ennuyé à la mort, si on l’en croyait, et lassé de ce faucon qui pèse si peu au poing du génie, il allait, lorsque la tombe le prit, quitter simplement ses costumes de palais qu’il n’appelle nulle part des guenilles, et revêtir une soutane. […] Les événements lui donnent dans les yeux de leur impalpable cendre de chaque jour et font ciller ses mélancoliques paupières, qui n’ont pas l’immobilité de celles de l’aigle… Lorsqu’ailleurs, je crois, sur cette immense et noire tenture de mort dans laquelle il voit l’Europe enveloppée (et qui l’est… peut-être), il se mêle de découper de petites prophéties spéciales, il ne réussit pas.

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