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2610. (1903) Le problème de l’avenir latin

Un siècle après la conquête, l’empereur Claude en témoigne devant le Sénat : « Jamais depuis qu’elle a été domptée par le divin Jules, la fidélité de la Gaule n’a été ébranlée ; jamais, même dans les circonstances les plus critiques, son attachement ne s’est démenti. » Plus tard, lors de la tentative d’insurrection fomentée par le batave Civilis, quatre cités gauloises sur soixante-quatre s’associèrent à la tentative, et pour rentrer bientôt dans l’obéissance, à un moment où la Gaule étant vide de troupes romaines, rien ne semblait s’opposer au succès d’un soulèvement. […] Ces personnages qu’« un mal mystérieux fait chanceler », selon le mot d’un critique, aux yeux d’insondable misère, que l’on sent faibles, las et sans espoir sous leurs gestes héroïques, révélateurs d’une telle inénergie, vieux même sous les traits de la jeunesse, c’est l’homme-type de la civilisation latine, le « représentative man » de l’humanité méditerranéenne. […] Par-delà toutes les critiques de détail, il y a en effet une observation capitale à formuler. […] L’avenir Les conditions du salut Nous n’avons pas essayé, au cours des pages qui précèdent, d’atténuer l’expression de notre sentiment pessimiste à l’égard du monde latin, De telle sorte que le lecteur qui ne s’aventurerait pas plus loin, serait fondé à croire que notre critique est purement négative et qu’elle ne comporte aucun espoir. […] Il semble bien qu’il y ait toujours eu, quelque part dans le monde, la conscience obscure ou nette de cette nocivité suprême de la conception catholique, depuis les âges où l’esprit de critique s’éveillant inaugura le lent et héroïque labeur de rendre à l’homme une idée pure de lui-même.

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