Les nombreuses anecdotes que chacun sait par cœur sur Malherbe, et dont plus d’une fait sourire, ne doivent point détourner un moment la critique du trait original et significatif qui est à respecter en lui : il eut le caractère et l’autorité, ce qui fait le chef de secte et le chef d’école. […] Les meilleurs critiques ont repoussé l’idée que, même en étant averti, on pût y saisir de l’ironie jusqu’au dernier instant où seulement elle éclate. […] Le docte et ingénieux Orelli combat cette critique : « Supprimez cette fin, dit-il, nous n’aurons plus qu’une amplification de rhétorique en l’honneur de la vie champêtre, célébrée sans motif et sans but, une description plus digne réellement de Vanière et de Gessner que d’Horace. » C’est pourtant ce que Racan a fait et ce qu’eût fait aussi Fénelon ; il a supprimé toute ironie, et comme, en le faisant, il était dans sa nature, il a retrouvé par ce côté non pas la supériorité, mais une originalité en face d’Horace.