/ 2772
1035. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Les critiques, de nos jours, sont plus ou moins comme les moutons de Panurge : il leur est bien difficile de ne pas sauter les uns après les autres, toutes les fois que se présente un nouveau sujet. […] Elle eut un salon d’un caractère particulier, sérieux, ingénieux, extrêmement artificiel d’aspect, et qui, entre les divers salons de l’aristocratie européennes distinguait par une teinte théologique prononcée ; et si l’on m’avait dit, il y a trente ans, lorsque j’entendis parler d’elle pour la première fois, que ce salon deviendrait un jour un sujet d’entretien public, que tous les journaux de Paris en raffoleraient, que tous les critiques parisiens y rendraient hommage en tâchant de se monter au ton des initiés, je ne l’aurais jamais cru. […] » Non, Mme Swetchine, tout austère et tout ennemie de la gloriole qu’elle était, n’a pas eu une si mauvaise idée en sacrifiant un peu tard aux grâces en la personne de M. de Falloux, et je suis prêt à répéter avec M. de Pont-Martin : « Elle commença par le comte de Maistre, et elle a fini par M. de Falloux ; on ne pouvait mieux commencer ni mieux finir. » Si l’on prenait M. de Falloux plus au sérieux comme auteur et si on le serrait de près, il y aurait bien des remarques à lui faire et des critiques à lui adresser. […] Mais on aura déjà remarqué combien il est peu commode pour la critique littéraire de trouver à mettre le pied convenablement en un tel sujet.

/ 2772