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401. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

je ne crains point leur impuissant courroux, Et quand je serais seul, je les bâterais tous. […] Des Fontaines ne regimbe pas trop en écrivant ces deux vers : on le redoute, on le craint ; il se trouve assez à son avantage comme cela. […] J’ai tâté son jeu assez pour ne le guère craindre. […] Une justice que les gens du métier lui doivent, c’est que, s’il ne craint pas d’être rude comme versificateur, il n’est jamais banal ; il sort du cercle usé ; il aborde de front les rimes quelconques et soutient hardiment la gageure. […] Personne n’était en état de soutenir un assaut avec lui ; il avait la repartie terrassante, prompte comme l’éclair et plus terrible que l’attaque  Les gens de lettres avaient peu de liaison avec Piron ; ils craignaient son mordant… Lorsqu’il était quelque part, tout était fini pour les autres ; il n’avait point de conversation, il n’avait que des traits. » Certes, un portrait si plein de feu, auquel il faut joindre, pour le compléter, la vue de l’excellent buste de Piron par Caffieri, qui est au foyer de la Comédie-Française, ne diminue pas l’idée qu’on peut se faire à distance de ce parfait original.

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