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540. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Et puisque toute chose créée porte en soi, dans les conditions même de sa naissance, le germe de sa mort future, on n’oubliera pas enfin de remarquer que, de même que le sentiment de la forme pouvait rapidement conduire à l’idée d’une beauté indépendante de son contenu, ainsi la glorification des énergies de la nature pouvait mener à la justification de l’immoralité même ; et le développement de l’individualisme à la destruction de la société. […] Contre l’enthousiasme de la Pléiade et l’engouement des gens de cour pour les choses d’Italie ou d’Espagne, une tradition de résistance est créée. […] Que du Bellay a créé en France la « poésie intime » et la satire ; — Comparaison de ses élégies avec celles de Marot. — Il a la grâce, la délicatesse et la mélancolie. — Il a aussi l’ironie légère. — Pourquoi la flamme de ses poésies latines n’a-t-elle pas passé dans ses vers français ? […] — 1º La diversité des tons : — s’il y en a de « pindariques » et il y en a d’« horatiennes » ; il y en a de « bachiques » et il y en a d’« héroïques » ; il y en a de « gauloises » et il y en a d’« élégiaques ». — Ils y ont encore justement admiré : 2º La variété des rythmes ; — et, à ce propos, de Ronsard comme inventeur de rythmes ; — il a créé presque tous ceux dont nos poètes ont usé depuis lui et il en a créé qui sont encore inutilisés. — 3º L’ampleur du souffle ; — comparaison de l’Ode au chancelier de l’Hôpital et des Mages de Victor Hugo ; — comment un élément descriptif ou « objectif » s’y glisse ; — et fait insensiblement évoluer le lyrisme vers l’épopée. […] Calays et Zéthès ou Castor et Pollux] ; — Il se meut dans la mythologie comme dans son élément naturel ; — et il y trouve la puissance de créer à son tour ses mythes ; — [Cf. l’Hymne de l’Or ou l’Hymne de l’Équité des vieux Gaulois] ; — Mais la pureté de son dessin n’y égale pas toujours la vigueur de son coloris. — Importance croissante de la description dans les Hymnes ; — et de la rhétorique ; — [Cf. l’Hymne de la Mort ou Le Temple de Messeigneurs le Connétable et des Chatillons]. — Du genre épique le poète évolue vers la prose oratoire.

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