Le premier de ces instincts, d’abord physique, lui commande de se rapprocher de sa mère sous peine de mort ; il crée la famille, cette sainte unité de l’ordre social. L’instinct de la mère et du père, celui-là tout moral, l’instinct de la compassion et de la bonté, leur commande de soigner, d’allaiter, d’élever l’enfant ; il crée la continuité de l’espèce, il dépasse déjà la loi d’égoïsme de l’individu, il devient sans le savoir dévouement spiritualiste. […] Peuple du vent et du mouvement perpétuel, emporté à tous les abîmes par le tourbillon même qu’il crée et accélère sans cesse en lui et autour de lui ! Peuple de beaux instincts, mais de peu de moralité politique, toujours ivre de lui-même, enivrant les autres peuples de son génie et de son exemple ; mais ne tenant pas plus à ses vérités qu’à ses rêves, et créé pour lancer le monde, plutôt que pour le diriger vers le bien. […] Voilà la fin de la société politique, voilà le plan de Dieu, voilà l’œuvre de la législation, voilà la dignité de l’homme ; voilà le spectacle que la Divinité créatrice se donne à elle-même, depuis qu’elle a daigné créer l’homme jusqu’à la consommation des temps.