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327. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Un homme vain, fastueux, un roué habile, un ambitieux toujours aux aguets, allant à ses fins sous des airs d’extravagance, tout occupé de faire sa cour, à se trouver sur le passage du roi, à le lasser de son assiduité jusqu’au moment où il enleva la faveur ; à la guerre, un homme qui n’était pas embarrassé à se donner les honneurs des services d’autrui et à leur ravir leur part de récompense, comme il le fit pour Coligny dans cette croisade de 1664 en Hongrie ; pendant la paix, le plus effronté des courtisans et un somptueux flatteur en plein soleil et en place publique ; mais que dis-je et de quoi me mêlé-je avec mes couleurs délayées ? laissons Saint Simon parler et peindre : « De l’esprit, dit-il, dans son admirable et brûlant croquis de La Feuillade, une grande valeur, une plus grande audace, une pointe de folie gouvernée toutefois par l’ambition, et la probité et son contraire fort à la main, avec une flatterie et une bassesse insignes pour le roi, firent sa fortune et le rendirent un personnage à la Cour, craint des ministres et surtout aux couteaux continuels avec M. de Louvois. ». […] Mais tout d’un coup on apprend à Versailles, par un avis venu de la Cour même de Savoie, que Mattioli trompe tout le monde, qu’il s’est avancé sans y être autorisé, qu’il a menti impudemment, et il n’est plus question pour le moment que d’étouffer l’affaire. […] Il fallait obtenir du duc cette nouvelle concession, cette aggravation non mentionnée au traité, et l’on comptait bien, en dépêchant un officier entendu à la petite Cour de Mantoue, avoir bon marché d’elle et la faire consentir à la raison du plus fort.

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