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103. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Elle a grand soin de remarquer ce qui est chez elle, en effet, un signe, une note distinctive à travers les désordres même, c’est que, tout enfant, et quand la mode était à la Cour d’être huguenot, et que tous ceux qui avaient de l’esprit, ou qui voulaient passer pour en avoir, s’étaient retirés de ce qu’on appelait la bigoterie, elle résista toujours. Son frère d’Anjou, qui fut depuis Henri III, avait beau lui jeter au feu ses Heures pour lui donner en place des Psaumes et prières huguenotes, toujours elle tint bon et se préserva de cette manie de huguenoterie, qui, en effet, à cette date de 1561, était à la Cour une vanité, une mode française et mondaine, attrayante un moment pour ceux même qui peu après devaient tourner contre et la réprimer. […] Quand Sully reparut un jour à la cour de Louis XIII, avec sa fraise et son costume du temps de Henri IV, il prêta à rire à cette foule de jeunes courtisans : quand la reine Marguerite, revenue d’Usson à Paris, se montra à la cour renouvelée de Henri IV, elle produisit un effet semblable sur le jeune siècle, qui souriait de voir cette survivante solennelle des Valois. […] Ainsi, lorsqu’en 1582 on la rappelle à la cour de France, la tirant d’auprès du roi son mari et de Nérac, où elle avait été pendant trois ou quatre ans, elle y voit un projet de ses ennemis pour la brouiller avec son mari pendant l’absence ; ils espéraient, dit-elle, « que l’éloignement serait comme les ouvertures du bataillon macédonien ». […] Marguerite, qui avait été passer quelque temps à Paris à la cour de son frère (1582-1583), n’en revint auprès de son mari qu’après un affront odieux qui avait rendu publiques ses faiblesses.

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