L’homme qui veut créer se trouvera aux prises avec une double résistance : celle de sa nature bornée qui ne saurait tout à fait obéir aux ordres de l’esprit ; celle de la matière brute qu’il informe : couleur, marbre, sons ou mots. […] Cette transposition nécessaire — souvenez-vous de la première scène du Médecin malgré lui — porte sur les mots, sur les gestes, sur les mouvements, sur les groupements, et par extension sur les couleurs, pour composer une fresque mouvante, image exacte de l’action entièrement suscitée par le texte écrit, inscrite dans ce texte même. […] Ce réalisme extérieur, considéré techniquement, risquait d’engendrer une minutie qui n’est pas de mise au théâtre et qui distrait du principal : c’est la couleur locale dans toute son horreur. […] Assurer à ceux-ci un terrain de jeu praticable dans toute sa largeur, sa profondeur et sa hauteur, grâce à divers plans étagés qui leur permettront tour à tour de se grouper et de se fuir, de se diminuer et de se grandir, et de peupler la scène toute entière d’arabesques et de volumes — que les costumes rehausseront de couleurs choisies — selon l’exigence intime du drame ainsi projeté au dehors.