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259. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

qu’on est malheureux, d’être comme je suis, d’avoir des nerfs qui me font tout percevoir du dedans des gens qui m’entourent, ainsi qu’un corps souffreteux reçoit inconsciemment l’impression des températures ambiantes, en leurs moindres variations. […] Et me voilà devant le colossal sphinx de granit rose de l’entrée, devant cette puissante image de la royauté, soudant une tête d’homme à un corps de lion, dont les pattes reposent sur un anneau : symbole d’une longue succession de siècles. […] Son corps était couvert d’une chlamyde et d’un perizôma. […] Il est arrivé aussi que, comme la porte fut laissée toute grande ouverte, des corps en bon état ont beaucoup souffert de la part des loups, qui les ont en partie dévorés. […] Seulement les Égyptiens croyaient, professaient, que ce qu’il y avait d’immortellement vivant, dans le corps d’une femme ou d’un homme décédé, entrait dans un être naissant, et que lorsqu’il avait parcouru tous les animaux de la terre, de la mer, de l’air — ce qui durait 3 000 ans, — ce germe immortel rentrait dans un corps humain.

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